La finance islamique, basée sur les principes de l'Islam, connaît un fort développement dans le monde. Fin 2015, ses actifs ont dépassé la barre des 2.000 milliards de dollars. Mais en quoi consiste exactement ce secteur et pourquoi suscite-t-il un tel engouement ?
La finance islamique se veut conforme à plusieurs principes religieux fondamentaux dans l'Islam, en particulier :
1- l'interdiction de l'intérêt assimilé à l'usure (riba)
2- l'interdiction de l'incertitude et de la spéculation (le gharar et le maysir)
3- l'interdiction d'investir dans des activités considérées comme illicites ou haram (alcool, tabac, paris sur les jeux, armement, viande de porc, pornographie…).
Cette finance fonctionne également sur le principe de la moucharaka, c'est-à-dire le partage des profits et des pertes entre les différentes parties.
Elle impose d'investir dans l'économie réelle par le biais d'actifs tangibles. En théorie, les produits dérivés sont donc interdits.
Dans les établissements bancaires islamiques, des conseils composés de docteurs en religion islamique sont chargés d'examiner la conformité des produits proposés aux principes de la loi islamique ou Charia.
L'un des principaux instruments financiers de la finance islamique est la mourabaha, une forme d'emprunt sans intérêt. Quand un client veut acheter un bien, la banque en fait l'acquisition à sa place. Le client lui rembourse ensuite en une ou plusieurs fois le montant du bien, majoré d'une commission déterminée à l'avance et qui reste fixe. A l'échéance du contrat, la banque transfère la propriété du bien à son client.
Un autre produit phare est l'ijara, une sorte de crédit-bail. Dans ce cas, la banque acquiert le bien mais elle ne le revend pas au client. Elle le lui donne en location, avec possibilité de rachat au terme du contrat.
Les autres produits financiers proposés sont :
- la moucharaka où deux partenaires investissent ensemble dans un projet et se partagent les profits comme les pertes en fonction du capital investi par chacun
- les sukuk, assez proches des obligations proposées par la finance conventionnelle.
La finance islamique est apparue en 1975 à Dubaï avec la création de la Dubai Islamic Bank.
Encore méconnue il y a quelques années, elle a connu une forte progression et a dépassé en 2015 la barre des 2.000 milliards de dollars d'actifs bancaires et financiers.
Avec 1,6 milliard de musulmans à travers le monde, ce secteur offre un grand potentiel de croissance. Il devrait doubler de volume à 4000 milliards de dollars en 2020, selon les experts.
Près de 40 millions de musulmans sont déjà clients d'une banque islamique et la popularité de ces établissements ne cesse d'augmenter.
Ils ne sont d'ailleurs pas strictement réservés aux Musulmans mais peuvent aussi intéresser les épargnants attirés par des investissements "éthiques" et par l'absence de spéculation.
Bien qu'elle soit régie par des principes religieux stricts, la finance islamique jouit d'une forte crédibilité car elle a mieux résisté à la dernière crise économique que les banques conventionnelles, grâce à un lien fort avec l'économie réelle.