Dans un communiqué de presse du 20 juillet dernier, le ministre des Finances Michel Sapin a annoncé que le taux du livret A passerait à 0,75% à partir du 1er août 2015. Mais quelles sont les raisons et les conséquences de cette baisse ? Et devez-vous envisager de placer votre épargne ailleurs ? Explications.
Un seuil symbolique
Le 1er août 2015, le taux du Livret A sera abaissé à 0,75%. Ce livret d'épargne, qui est le préféré des Français, va passer sous la barre du 1% pour la première fois depuis sa création en 1818 !
Le ministère des finances, qui suit une recommandation de la Banque de France à ce sujet, justifie cette baisse historique par la faiblesse actuelle de l'inflation.
En théorie, la rémunération du Livret A aurait même dû baisser à 0,5% si la formule de calcul avait été strictement respectée.
Mais le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a choisi de déroger à la règle "compte tenu de la prévision d'une légère augmentation de l'inflation d'ici la fin de l'année et dans la perspective de préserver encore mieux le pouvoir d'achat des épargnants"".
Quelles sont les causes de cette baisse ?
Le Livret A fait partie de ce que l'on appelle l'épargne réglementée. Or, les taux de rémunération de l'épargne réglementée en France sont calculés suivant une formule qui fait notamment intervenir le taux d'inflation hors tabac.
Selon les données publiées par l'Insee, le taux d'inflation hors tabac était de seulement 0,3% sur un an au 10 juillet 2015, d'où la baisse du taux du Livret A.
Déjà lors de la dernière révision de ce livret, intervenue en février 2015, le gouvernement avait choisi de maintenir sa rémunération à 1%, alors que la Banque de France avait proposé de la ramener à 0,75%.
Quelles seront ses conséquences ?
L'effet de cette décision ne devrait pas être trop important pour les plus de 61 millions d'épargnants qui possèdent un livret A.
En effet, la somme moyenne déposée par les ménages sur ce livret était de 4092 euros à la fin de 2014. Pour cette épargne, le passage du taux de 1% à 0,75% représente un manque à gagner de seulement 10,23 euros en année pleine.
Cette baisse va néanmoins avoir des conséquences sur les taux des autres livrets réglementés. Ces derniers seront également revus à la baisse à partir du 1er août 2015 : la rémunération du LEP ou livret d'épargne populaire passe à 1,25%, celle du livret d'épargne entreprise à 0,5% et celle du Compte d'épargne logement hors prime d'Etat à 0,5 %.
En revanche, la baisse de la rémunération du livret A devrait favoriser la croissance et la construction de logements sociaux car un taux plus bas permet à la Caisse des dépôts et consignations d'octroyer des prêts moins onéreux, notamment aux organismes HLM.
Doit-on garder son livret ?
Même s'il est le plus ancien produit d'épargne encore distribué en France, le livret A reste le placement préféré des Français.
Il faut dire qu'il comporte plusieurs avantages de taille :
- une totale disponibilité des fonds
- des intérêts exonérés d'impôt sur le revenu et de prélèvements sociaux
- une souscription ouverte à tous (majeurs ou mineurs)
Grâce à son rendement net d'impôts, le livret A n'est pas une mauvaise solution pour les épargnants qui veulent se constituer une petite cagnotte toujours disponible.
Pour rappel, les particuliers peuvent y verser jusqu'à 22.950 € et les intérêts ajoutés au 31 décembre peuvent porter la valeur du livret au-delà de ce plafond. Pour les associations, le plafond est diffèrent et s'élève à 76.500 €.
Il existe toutefois des alternatives comme :
- le Livret de développement durable (également à 0,75% à partir du 1er août) si votre livret A est déjà plein ; le plafond du LDD est de 12.000 euros
- le Livret d'épargne populaire (avec un taux plus avantageux à 1,25%) si vos revenus sont modestes ; mais vous ne pouvez y placer que 7700 euros maximum
- l'assurance-vie si vous voulez un meilleur rendement et pouvez vous permettre de bloquer votre épargne.