Mauvaise nouvelle pour les épargnants : alors que le taux du livret A aurait dû grimper à 4,1 % suivant sa formule de calcul, le gouvernement et la Banque de France ont décidé de le maintenir à 3 %. Nous allons vous expliquer les raisons de ce choix et ce que cette décision change pour vous.
Une rémunération bloquée à 3 % jusqu'en 2025
Malgré l'inflation qui aurait dû faire grimper sa rémunération, le taux du livret A est maintenu à 3 % jusqu'en 2025.
Le gouvernement en a décidé ainsi pour suivre les recommandations de la Banque de France. Avec cette décision, annoncée le 13 juillet 2023, Bercy déroge à la méthode de calcul classique, qui aurait dû porter le taux de ce livret à 4,1 % au mois d'août 2023.
Non seulement sa rémunération va rester à 3 % dans les mois à venir, mais ce sera aussi le cas du livret de développement durable et solidaire LDDS (dont le taux est identique). Quant au livret d'épargne populaire (LEP), il reste le livret réglementé le plus rentable avec un taux fixé à 6 % au 1er août 2023.
Un manque à gagner pour les épargnants
À première vue, cette décision est une mauvaise nouvelle pour les 55 millions de Français titulaires de ce placement.
Avec un taux du livret A maintenu à 3 % au lieu de 4,1 %, les épargnants vont perdre de l'argent, en particulier ceux qui ont placé la plupart de leurs économies sur ce livret réglementé.
Cette différence de 1,1 point peut sembler une négligeable, mais elle ne l'est pas du tout si vous avez rempli votre livret jusqu'au plafond, actuellement fixé à 22.950 €.
Pour les épargnants dont le livret a est plein, une rémunération à 3 % représente 688,50 € d'intérêts au bout d'un an, au lieu de 941 € d'intérêts avec un taux à 4,1 %. Le manque à gagner pour ces épargnants est de 252,50 € sur un an.
Un gage de stabilité
L'unique consolation pour les titulaires du livret A est que le taux de ce placement va rester stable. Il sera bloqué à 3 % jusqu'en janvier 2025.
Selon Bruno Le Maire, "cela donnera de la sécurité, de la stabilité et de la visibilité" à ce placement dont la rémunération aurait pu redescendre sous la barre des 3 % en cas de ralentissement de l'inflation.
Le ministre de l'Économie et des Finances a également justifié cette décision de ne pas revaloriser le taux du livret par des "raisons d'intérêt économique national". Une hausse de ce taux aurait en effet augmenté le coût du crédit pour les PME et pour le logement social.
En maintenant le taux de ce placement à 3 %, Bercy espère aussi encourager les ménages français à consommer plutôt qu'à épargner. Avec l'inflation et l'érosion de leur pouvoir d'achat, les Français ont été moins dépensiers et ont préféré mettre de l'argent de côté.
Le livret A a enregistré un record de dépôts depuis le début de l'année 2023, avec près de 25 milliards d'euros épargnés. Si raisonnable que cela puisse paraître, ce réflexe d'épargne nuit à la consommation, qui reste le principal moteur de la croissance en France.
Un coup de pouce pour le LEP
Enfin, si vous faites partie des Français éligibles au LEP (livret d'épargne populaire), le gouvernement vous incite à placer de préférence vos économies sur ce livret réglementé.
Ce livret réservé aux ménages les plus modestes offre une excellente rémunération à près de 10 millions d'épargnants. Mais la moitié des titulaires ont déjà atteint le plafond fixé à 7700 €.
C'est pourquoi le gouvernement a décidé de suivre une autre recommandation de la Banque de France et de porter le plafond du LEP à 10.000 € à la rentrée (probablement à partir du 1er octobre). Si vous possédez un livret d'épargne populaire déjà plein, ne ratez pas cette occasion de faire grossir votre bas de laine !