Do Brazil versus Made in France

Le changement de Direction Générale annoncé par l’OMC en faveur du Brésil (1) à compter du 1er septembre 2013, ne facilitera pas la période de récession que traverse actuellement la France.

Le FMI prévoit un PIB brésilien supérieur au PIB français en 2016

Un virage historique des rapports commerciaux à l’échelle mondiale bouleverse désormais officiellement le paysage économique. Les chiffres parlent d’eux mêmes :
« Le Brésil remonte dans le classement malgré une croissance du PIB inférieure aux prévisions en 2012 : 0,9%. Ce changement de place s’explique par la croissance plus faible encore du PIB du Royaume-Uni la même année. L’économie britannique a augmenté de 0,3% en 2012 ».(2)

En mai 2013, les enchères au Brésil pour des blocs pétroliers ont rapporté 1,4 milliard de dollars, un montant supérieur aux attentes, a indiqué à l’AFP un porteparole de l’Agence nationale du pétrole (ANP). «Les enchères prévues pour se terminer mercredi ont pris fin dès ce mardi avec 142 des 289 blocs proposés vendus pour 2,8 milliards de réais (1,4 milliard de dollars), un record», a annoncé l’expert.(3)

Premier pays émergent désigné à la tête de l’OMC, l’intervention du Brésil devrait révéler une tendance protectionniste plus incisive et paradoxale que la vision du libre échange mondial entretenue par Pascal Lamy, directeur français sortant. Partenaire de la Chine, l’intervention brésilienne sur les politiques commerciales, économiques, légales, diplomatiques et juridiques des tarifs douaniers internationaux devrait « radicalement » changer de main comme de perception.

Cap sur un protectionnisme économique insufflé par le Président Lula

Diplomate réputé « fin négociateur », Roberto Carvalho de Azevêdo a été désigné nouveau Directeur entrant de l’OMC, « pour son sens de la négociation discrète et sa propension au dialogue », incluant un rapport plus modéré que le gouvernement de François Hollande avec les nouvelles forces économiques dominantes, à savoir : les pays émergents. En 2012, l’économie brésilienne a moins souffert qu’en Europe. La banque Centrale a diminué les taux d’intérêts basiques de 12% à 9%, jusqu’à atteindre 7.5% en avril dernier. Le Brésil exporte vers la Chine de nombreuses « commodities » (4) avec des prix maintenus relativement stables. Cette situation joue en faveur d’un contrôle de l’inflation.

Selon les prévisions de Christian Parisot, chef économiste d'Aurel BGC, côté français, « la bombe 2013 n’explosera qu’en 2014 » (source BFM Business). L’absence de croissance fin 2013 ne devrait pas permettre de dégager une marge de manœuvre suffisante pour assurer les dépenses annuelles. Autrement dit, si 2013 était une année de « stagnation » des dépenses publiques, 2014 sera l’année des promesses d’une « réduction ». Mais comment baisser les dépenses publiques avec une croissance également révisée de 1 point à la baisse, en continuant de financier le crédit d’impôt ? La dynamique 2013 sera déterminante pour sécuriser le budget 2014 dans une conjoncture excessivement sensible pour la France. Si la récession perdure, la France perdra plus sauvagement la confiance des marchés. Le pays pourrait alors expérimenter une grave crise de financement. Une « atomisation » de la compétitivité au détriment de la compétition mondiale.

Malgré ses tendances socialistes, Pascal Lamy ne cache pas son désaccord avec la politique générale de François Hollande, notamment au cours de ces derniers mois du mandat présidentiel. Dans une interview accordée au Figaro, il critique sévèrement la stratégie d’Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif. La dynamique française 2013 sera déterminante pour affronter l’année 2014 et maintenir une crédibilité financière, fragilisée depuis 2008. Au commencement de la crise, le commerce extérieur du Brésil (exploitation du bois, canne à sucre) a continué de progresser de façon remarquable (+32%), « traduisant la mondialisation rapide de son économie », précise le directeur sortant de l’OMC.

(1) : En 2012, le Brésil se classe à la 7 eme puissance mondiale - PIB : 2 425 milliards
(2) : « Le Brésil devrait redevenir la 6ème économie mondiale en 2013 ». Publié le 19/04/2013 sur http://bresil.aujourdhuilemonde.com/
(3) : Source : Libération le 15 mai 2013
(4) : “Marchandises” - Exportations : 250,8 milliards $US (2011)