Economie : qui est Richard Thaler, le Prix Nobel 2017 ?

Le 9 octobre dernier, le Prix Nobel d'économie a été attribué à l'Américain Richard Thaler, pour ses travaux sur les mécanismes psychologiques et sociaux intervenant dans les décisions des consommateurs ou des investisseurs. Ce professeur de l'université de Chicago est l'un des grands théoriciens de la finance comportementale. Il défend le "paternalisme libéral" qui laisse l'individu libre d'agir, mais l'incite à faire un choix plutôt qu'un autre par un simple coup de pouce ou "nudge". Nous vous proposons de découvrir la biographie et les travaux du Prix Nobel d'économie 2017.


Sa biographie

Richard H. Thaler est né le 12 septembre 1945 à East Orange et a été diplômé de l'université de Rochester.

Cet économiste américain, surtout connu comme un théoricien de la finance comportementale, a notamment collaboré avec Daniel Kahneman et Robert Shiller.

Aujourd'hui âgé de 72 ans, il est professeur à la Chicago Booth School of Business de l'université de Chicago et membre du National Bureau of Economic Research américain.

Il a aussi enseigné à la MIT Sloan School of Management et à l'université de Santa Clara dans la Silicon Valley.

Par ailleurs, il a organisé une série de séminaires de finance comportementale à l'université Yale.

Le 9 octobre dernier, il a reçu le prix Nobel d'économie 2017 pour sa "compréhension de la psychologie de l'économie".

Le pape de l'économie comportementale

Richard Thaler est l'un des grands théoriciens de l'économie comportementale ou finance comportementale.

Cette discipline consiste à utiliser la psychologie pour tenter de comprendre certains phénomènes observés en finance.

Dès la rédaction de sa thèse, Thaler avait en effet constaté que les choix des individus manquaient de cohérence et de rationalité.

Il a alors commencé à relever les incohérences et les bizarreries dans les comportements des gens.

Depuis lors, ses recherches et ses publications concernent principalement les biais cognitifs et leurs effets économiques.

Ces "biais cognitifs" ou anomalies dans nos comportements peuvent avoir des conséquences très concrètes : ils peuvent conduire les gens à agir contre leur intérêt, expliquer pourquoi certains marchés fonctionnent mal ou offrir des possibilités de gains à ceux qui savent les reconnaître et les exploiter.

En résumé, le Prix Nobel d'économie 2017 a montré comment certaines caractéristiques humaines (par exemple les limites de notre rationalité, la peur, l'excès de confiance et nos préférences sociales) "affectent les décisions individuelles et les orientations des marchés".

Ces anomalies de comportement sont le sujet d'un de ses récents ouvrages, pas encore traduit en français : Misbehaving. The Making of Behavioural Economics, 2015.

Le professeur Thaler, qui va toucher 9 millions de couronnes suédoises (944.000 euros), s'est dit très heureux d'être récompensé par le prix Nobel et a promis d'essayer "de dépenser son prix de la façon la plus irrationnelle possible".

Un partisan du coup de pouce (nudge)

Dans un essai coécrit avec le juriste de Harvard Cass R. Sunstein, Richard Thaler a popularisé la notion de nudge ("coup de pouce" en anglais).

Pour corriger les bizarreries de comportement des gens et leur faire prendre des décisions conformes à l'intérêt général et/ou à leur bien-être, il préconise de leur donner un simple coup de pouce...

Il ne s'agit pas de contraindre les individus, mais plutôt d'utiliser des ressorts psychologiques simples pour les inciter à agir de telle ou telle manière.

Cette théorie est aussi connue sous le nom de paternalisme libertaire.

Voici exemple de "nudge" : aux Etats-Unis, les plans d'épargne retraite sont optionnels mais les employeurs les mettent en place d'office. Pour ne pas y participer, les employés doivent en prendre l'initiative et remplir de la paperasse. Au final, cette combinaison d'une contrainte légère et de notre paresse naturelle, conduit les employés américains à prendre la décision la plus conforme à leur intérêt (épargner pour leurs vieux jours).

Pour en savoir plus sur cet aspect de son travail, vous pouvez lire l'ouvrage de Richard Thaler et Cass Sunstein, Nudge : Improving Decisions About Health, Wealth and Happiness (Penguin, 5 mars 2009) traduit en français Nudge, la méthode douce pour inspirer la bonne décision, aux éditions Vuibert, 2010.

Ce livre à succès aurait influencé nombre de managers et d'hommes politiques, à commencer paraît-il par Barack Obama !

En bousculant nos certitudes sur la manière dont les agents économiques prennent leurs décisions, les travaux de Thaler ouvrent la voie à un nouveau marketing qui orienterait en douceur les individus vers la bonne décision.

Néanmoins, ces nouvelles pratiques posent des questions éthiques inédites, car il n'y a qu'un pas (facile à franchir) entre "inciter" et manipuler les gens...

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