L’économiste américain George Akerlof a contribué à l’une des théories les plus importantes de ces dernières décennies : la théorie des asymétries d'information. Ses travaux lui ont valu le prix Nobel d'économie 2001, qu’il a partagé avec Joseph Stiglitz et Michael Spence.
Biographie
George Akerlof est un économiste américain né en 1940 à New Haven, dans le Connecticut.
En 1962, il obtient sa licence (Bachelor's degree) à l'université de Yale. En 1966, il soutient sa thèse de doctorat au Massachusetts Institute of Technology (MIT). De 1966 à 1970, il est professeur assistant à l'Université de Californie, Berkeley.
Il a également été l’un des conseillers économiques de la Maison-Blanche (1973-1974), membre du conseil des gouverneurs de la Fed (l977-l978) et a enseigné à la London School of Economics avant de redevenir professeur à Berkeley.
En 2001, il a reçu le prix Nobel d'économie, partagé avec Michael Spence et Joseph Stiglitz, pour ses travaux sur l'asymétrie d'information sur les marchés. Il a été le quatrième économiste de l'université de Californie à recevoir le Prix Nobel après les professeurs Daniel McFadden (2000), John Harsanyi (1994) et Gérard Debreu (1983).
George A. Akerlof est marié à Janet Yellen, une brillante économiste qui a été présidente du Conseil des conseillers économiques de la Maison Blanche de 1997 à 1999 et membre du conseil des gouverneurs de la Fed.
Théories
George Akerlof s'est intéressé à de nombreux domaines de la pensée économique : l'analyse macroéconomique, l'analyse économique de la pauvreté et des discriminations, la politique monétaire et l'économie comportementale.
Il est surtout connu pour ses travaux sur les imperfections du marché et en particulier sur l'asymétrie d'information. Il a montré que le modèle de concurrence pure et parfaite, qui suppose notamment que les agents sont parfaitement informés, est très éloigné de la réalité.
Dans les faits, l'asymétrie d'information est courante sur les marchés. Cela signifie qu’un des participants à l’échange dispose de plus d’informations que l’autre partie. Par exemple, l’emprunteur connaît mieux que le prêteur sa capacité de remboursement et l’assuré connaît mieux que son assureur ses risques potentiels…
Dans un article resté célèbre, Akerlof utilise l’exemple du marché des voitures d’occasion. Dans ce cas, le vendeur connaît mieux que l’acheteur la qualité de sa voiture. Les acheteurs, qui sont dans l’incertitude sur la qualité du véhicule et veulent se prémunir d’éventuels vices cachés, proposent des prix délibérément faibles.
Il y a alors un risque que les vendeurs de véhicules de bonne qualité quittent le marché, ne laissant à la vente que des véhicules de mauvaise qualité (ou lemons en anglais) : c’est ce que l’on appelle la sélection adverse ou antisélection.
Pour éviter ce problème, le vendeur doit fournir une garantie sur la qualité de son bien. L’Etat peut également intervenir en imposant des contrôles de l’état du véhicule, par exemple le contrôle technique. Ces différents signaux assurent des prix cohérents sur le marché.
Keynésien convaincu, George Akerlof a donc démontré les limites du modèle néoclassique de concurrence pure et parfaite. Il a également mis en évidence une exception à la loi de la demande appelé effet d'Akerlof ou effet de marque : les consommateurs ont parfois tendance à acheter un produit plus cher que le prix moyen en croyant acheter un produit de meilleure qualité.
Il a démontré l’existence du phénomène de salaire d'efficience, selon lequel les employeurs ont parfois intérêt à verser un salaire plus élevé que la moyenne pour attirer et conserver les meilleurs salariés.
Enfin, Akerlof s’est intéressé à l’économie comportementale qui relie la science économique à d’autres sciences sociales, comme la sociologie ou la psychologie. Ces travaux, à la croisée entre plusieurs disciplines, étudient les comportements des agents en matière d’investissement, de travail, de consommation ou d’épargne et remettent en question la rationalité des agents. Cette théorie pourrait expliquer l’instabilité des marchés et le problème du chômage.
Publications
Voici une sélection d’articles de George Akerlof :
• "The Market for Lemons : Quality Uncertainty and the Market Mechanism", in Quarterly Journal of Economics, 1970
• "A Theory of Social Customs of which Unemployment Maybe One Consequence", Quarterly Journal of Economics, 1980
• "Labor Contracts as Partial Gift Exchange", Quarterly Journal of Economics; 1982
• "An Economic Theorist's Book of Tales", Cambridge University Press, 1984
• avec Janet Yellen : "A Near-rational Model of the Business Cycle, with Wage and Price Inertia", Quarterly Journal of Economics, 1985
• avec Janet Yellen : "The Fair Wage Hypothesis and Unemployment", Quarterly Journal of Economics, 1990
• "Explorations in Pragmatic Economics", Oxford University Press, 2005
Parmi ses autres publications, on peut également citer :
• avec Robert J. Shiller, Les esprits animaux : comment les forces psychologiques mènent la finance et l'économie, Pearson, 2009 (Animal Spirits: How Human Psychology Drives the Economy, and Why It Matters for Global Capitalism)