Les acheteurs compulsifs et les avares maladifs constituent des cas extrêmes, mais, plus généralement, nous avons tous un rapport particulier à l'argent. Or, notre manière de gérer nos économies et nos dépenses n’est pas toujours rationnelle. L’épargne n’obéit pas seulement à des critères et des besoins objectifs, mais comporte aussi une dimension comportementale.
On a longtemps cru que les épargnants avaient un comportement rationnel, dicté par des besoins objectifs.
Or, de très sérieuses études ont démontré que l’épargne n’obéit pas seulement à des critères économiques. Elle a aussi une dimension "psychologique" ou plutôt comportementale. Comme tout ce qui a trait à l’argent, l’épargne est liée à des aspects intimes de notre personnalité.
Des avares aux dépensiers, chacun d’entre nous a un rapport particulier à l'argent quand il s’agit de le dépenser ou de le mettre de côté. Ce constat a conduit les chercheurs à élaborer toute une grille de comportements.
La finance comportementale est une discipline relativement nouvelle qui étudie les comportements réels des investisseurs.
Les préférences et les choix des épargnants sont-ils rationnels ? Ou bien l’épargnant est-il victime de ses émotions et d’erreurs de décision ?
Si l’on en croit les études qui se sont intéressées à ces questions, les épargnants ne se comportent pas de façon rationnelle. Aux Etats-Unis, où les retraites sont très faibles, la plupart des salariés n’épargnent pas suffisamment et un tiers d’entre eux n’épargnent pas du tout.
En France aussi, les épargnants ne font pas les bons choix :
• ils préfèrent généralement un investissement qui débouche sur un capital plutôt que sur une rente viagère
• ils ne diversifient pas assez leurs placements financiers.
Ces "erreurs" s’expliquent en partie par un manque d’information et par l’aversion au risque des épargnants. Mais les choix des épargnants seraient aussi affectés par anomalies de comportement ou "biais comportementaux" :
• une tendance à ne pas se projeter dans l’avenir et à ne pas assez planifier
• une tendance à avoir la mémoire sélective (les pertes nous marquent plus que les gains)
• une tendance à favoriser les sociétés les plus connues avec une forte dimension affective
• une tendance à retenir uniquement les informations qui confortent notre décision et à faire abstraction des données qui vont à leur encontre.
Pour toutes ces raisons, il faut donc se méfier de ses propres sentiments quand on souhaite épargner.
En matière de finance, nous ne sommes pas naturellement rationnels. Nos décisions sont influencées par notre caractère, nos expériences et notre éducation. Ces différents facteurs nous incitent plus ou moins à la prudence, à l’impatience ou au goût du risque.
Si nous en sommes conscients, nous pouvons modifier nos comportements pour prendre de meilleures décisions en matière d’épargne.
Nous pouvons aussi améliorer notre rapport à l’argent.
Une bonne relation à l’argent se définit notamment par :
• la capacité à épargner et à emprunter ni trop, ni trop peu
• la capacité à penser l’argent dans la durée, pour se constituer un patrimoine et le gérer
• le fait d’avoir une représentation réaliste ou au moins neutre de l’argent.
Pour en savoir plus sur vos comportements et comment les améliorer, vous pouvez lire "50 petites expériences en psychologie de l'épargnant et de l'investisseur pour mieux réussir dans vos placements" de Mickael Mangot (Ed. Dunod, 2007).