Banques : les frais de tenue de compte s'envolent
Selon les données compilées par le site Panorabanques, les frais de tenue de compte facturés par les banques ont triplé en cinq ans. Ils seraient passés de 6,60 euros par an, en moyenne, en 2013 à 18,50 euros aujourd'hui. Des chiffres que la Fédération bancaire française met en doute.
A quoi correspondent ces frais ?
Les frais de tenue de compte sont définis par le décret n°2014-373 comme les "frais perçus par la banque pour la gestion du compte".
Ils sont facturés par la quasi-totalité des banques traditionnelles. En 2018, près de 9 Français sur 10 sont clients d'une banque qui facture des frais de tenue de compte selon le site Panorabanques.
Pourtant, il est possible d'être exonéré de ces frais sous certaines conditions :
=> quand vos revenus d'activité sont domiciliés au sein de l'établissement bancaire
=> quand vous avez souscrit une offre de services groupée, aussi appelée "package".
A combien s'élèvent-ils ?
Si l'on en croit les données compilées par le comparateur Panorabanques, le prix du service bancaire de base (c'est-à-dire la tenue d'un compte courant) s'est envolé ces dernières années.
Les frais de tenue de compte facturés par les banques françaises auraient triplé en cinq ans, passant de 6,60 euros en 2013 à 18,50 euros en 2018 !
Tous les grands réseaux bancaires se sont mis à facturer ce service qui consiste simplement à mettre à jour les comptes courants au fil des opérations. Et les banques qui facturaient déjà ce service en ont profité pour augmenter leurs tarifs.
Sur le panel de 125 banques étudiées par Panorabanques, seuls 19 établissements ne facturent pas la tenue de compte.
Pourquoi cette flambée des tarifs ?
Toujours selon Panorabanques, cette hausse des tarifs n'est pas récente : les frais de tenue de compte ont progressé de plus de 77% en 2015-2016.
Sur cette période, les banques ont voulu assurer leur rentabilité dans un contexte marqué par des taux bas.
Les établissements bancaires arguent d'ailleurs que, pris dans leur ensemble, les services bancaires ne sont pas chers en France.
Ils seraient deux fois inférieurs à la moyenne européenne.
La hausse va-t-elle se poursuivre ?
En 2018, les banques françaises ont, semble-t-il, levé le pied sur ces hausses de tarifs puisque les frais de tenue de compte n'ont augmenté que de 2,2% cette année.
L'arrivée des banques en ligne et la naissance de Orange Bank en 2017 ont sans doute incité les banques traditionnelles à modérer l'augmentation de ces frais.
En effet, ces nouveaux acteurs misent sur la gratuité de certaines prestations pour attirer les clients.
Les banques traditionnelles se sentent logiquement concurrencées et évaluées par leurs clients, qui n'hésitent plus à changer de banque.
Dans une enquête publiée en février 2018, le cabinet Bain indiquait d'ailleurs que 63% des clients sont prêts à quitter leur banque en cas de hausse de tarifs.
La concurrence dans ce secteur a même incité certaines banques à baisser voire à supprimer ces frais : le Crédit Agricole d'Anjou et du Maine et Groupama Banque ont ainsi supprimé les frais de tenue de compte et trois autres banques ont baissé leurs tarifs en début d'année.
Qu'en dit la FBF ?
De son côté, la Fédération bancaire française met fortement en doute l'étude de panorabanques :
"La FBF conteste formellement les chiffres avancés. Seul l'Observatoire des Tarifs Bancaires (OTB), qui dépend du Comité Consultatif du Secteur Financier, publie des données impartiales. Cet Observatoire indique, lui, que les frais de tenue de compte, en se basant sur les parts de marchés des tarifs des banques, ont augmenté sur la même période d'un peu moins de 30 points, donc bien loin du triplement annoncé. Par ailleurs, le rapport 2017 de l'OTB rappelle que [...] seuls 20 à 30% des clients de banques payaient effectivement des frais de tenue de compte, du fait de nombreuses exonérations et réductions pratiquées par les établissements bancaires."
Il faut toutefois souligner que d'autres services bancaires continuent de voir leur tarif augmenter.
En 2018, selon les données du CCSF (Comité Consultatif du Secteur Financier), près de 70% des banques françaises ont augmenté le tarif des cartes de paiement à débit immédiat.
Cette augmentation serait le contrecoup de l'évolution de la réglementation européenne qui a fait baisser les commissions perçues par les établissements sur les cartes à débit immédiat.