Saviez-vous que les banques sont régulièrement soumises à des tests de résistance ou stress tests en anglais ? Dans la zone euro, ces tests sont menés par la Banque centrale européenne ou BCE. Leur objectif ? Evaluer la capacité des plus grandes banques européennes à faire face à des chocs économiques.
De quoi s'agit-il ?
Un test de résistance bancaire ou stress test consiste à simuler des conditions économiques et financières extrêmes (mais plausibles) afin d'analyser leurs conséquences sur les banques et de mesurer la capacité des établissements bancaires à résister à de telles situations.
Ces tests sont menés par les banques centrales comme la BCE dans l'Union européenne ou la FED aux Etats-Unis.
A cette occasion, les banques sont obligées de faire preuve de transparence et de fournir l'ensemble de leurs bilans et autres données comptables.
Ces stress tests consistent à envisager plusieurs scénarios à un horizon d'un ou deux ans et à les appliquer aux portefeuilles des banques (crédits, placements, dette) afin d'en mesurer les conséquences.
Un premier scénario dit "de base" ou "central" reprend les principales prévisions macroéconomiques existantes. Les résultats obtenus en appliquant ce scénario sont ensuite comparés à ceux provoqués par un autre scénario, dit "dégradé" ou "extrême".
Ce deuxième "scénario catastrophe" envisage généralement un fort ralentissement de la croissance, voire une récession, une envolée du chômage, une chute des marchés boursiers et une hausse des crédits non remboursés…
Les chocs étudiés doivent être importants mais réalistes. Ils ont une probabilité faible mais non nulle de se produire.
A quoi ça sert ?
Les stress tests bancaires servent à tester la solidité des banques en cas de choc économique ou financier.
Il s'agit d'évaluer les risques pouvant peser sur tel ou tel établissement financier soumis au test, mais aussi les risques de contagion qui pourraient générer une instabilité du système financier, ce que l'on appelle "les risques systémiques".
Ces tests de résistance visent à :
=> vérifier la capacité de résistance des banques face à un choc macro-économique
=> mesurer l'impact de ce choc sur la valeur de leurs actifs et in fine sur leur ratio de solvabilité
=> révéler la fragilité éventuelle d'un système bancaire national, quand une proportion non négligeable d'établissements d'un même pays n'obtient pas de bons résultats au test
=> redonner confiance dans les banques, aux consommateurs mais aussi aux marchés financiers.
Depuis quand cela existe-t-il ?
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les stress tests bancaires n'ont pas été créés suite à la crise de 2008.
Ils ont été mis en place par les banques centrales et les autorités en charge de la supervision bancaire dès la fin des années 1990.
Déjà à l'époque, la crise asiatique de 1997 avait mis en évidence le rôle de certains facteurs macro-économiques (évolution de la consommation et des investissements, récession, taux de chômage, inflation…) dans le déclenchement des crises bancaires.
Après le choc lié à la faillite de la banque Lehmann Brothers en septembre 2008, un test de résistance à grande échelle a été conduit et rendu public en mai 2009 aux Etats-Unis par le gouvernement américain et la FED.
Un autre test a ensuite été réalisé en Europe en 2010 afin d'apaiser les inquiétudes suscitées par la crise de la dette souveraine grecque et les doutes quant à la santé du système bancaire européen.
En 2011 et 2013, les grands établissements financiers européens et américains ont été à nouveau soumis à des stress tests et ont obtenus des résultats plus satisfaisants, exception faite, en Europe, de certaines banques espagnoles et grecques.
En 2014, les 130 plus grosses banques de la zone euro ont été testées par la BCE et toutes les banques françaises ont réussi ce test.
En juillet 2016, de nouvelles épreuves ont été conduites dans la zone euro sous l'égide de l'Autorité bancaire européenne (ABE) afin de mesurer la capacité des principales banques de l'UE à résister à un choc économique théorique sur une durée de trois ans.
Quelles conséquences en cas d'échec ?
Les résultats des stress tests menés par la BCE sont rendus publics et consultables par tous. Vous pouvez par exemple consulter les résultats des tests menés en 2016 en Europe sur le site de la Banque de France (lien ci-dessous).
Un échec à un stress test a donc des conséquences directes pour les établissements testés :
=> la banque dispose de deux semaines pour présenter à la BCE un plan de recapitalisation pour combler son manque de capitaux avant 6 mois
=> par ailleurs, les marchés financiers vont réagir immédiatement et une banque dont la solidité financière est mise en doute va avoir du mal à trouver des financements peu chers.
Les tests de résistance des banques sont donc aussi un moyen de prévention : ils visent à déceler les banques les moins solides financièrement pour les forcer à assainir leurs bilans avant qu'une catastrophe financière ne survienne.
En cas d'échec, les banques doivent soit augmenter leurs fonds propres (avec ou sans l'aide de l'Etat), soit opérer des restructurations (réductions des engagements de crédits, concentrations…).
A noter : aux Etats-Unis, les banques doivent réussir le stress test de la FED pour obtenir l'autorisation d'augmenter les dividendes à verser à leurs actionnaires.
Cela évitera-t-il une prochaine crise bancaire ?
Les tests conduits avant la crise des subprimes de 2008 n'avaient pas suffi à prévoir la gravité de la crise bancaire qui pourrait survenir en cas de recul des prix de l'immobilier aux Etats-Unis.
Dans ce cas précis, les tests de résistance bancaires n'ont pas été plus efficaces que les agences de notation.
Néanmoins, selon Danièle Nouy, responsable de la supervision à la BCE, "Le secteur bancaire est aujourd'hui plus résistant et peut bien mieux absorber les chocs économiques qu'il y a deux ans".
Les stress tests menés régulièrement par la BCE obligent les banques à être plus prudentes. D'ailleurs, la réglementation européenne est désormais plus stricte et exige que les fonds propres des banques représentent au minimum 8% du total de leurs engagements (crédits, positions de marché).