Le paiement fractionné, qui consiste à payer un achat en plusieurs fois sur une période de moins de 3 mois, connaît un succès fulgurant. Mais comment fonctionne cette facilité de paiement et quels sont les risques à l'utiliser ? Nous vous proposons de tout comprendre en 5 questions.
1- De quoi s'agit-il exactement ?
Le paiement fractionné est une facilité de paiement qui vous est généralement proposée par les magasins ou les sites de commerce en ligne où vous effectuez un achat.
Cette facilité de paiement consiste à payer en trois ou quatre fois, sur une période dont la durée ne dépasse pas 90 jours, sans frais ou avec des frais peu élevés.
2- Comment ça marche ?
Le paiement fractionné permet aux consommateurs d'étaler le règlement de leurs achats par carte bancaire sur trois ou quatre échéances, voire de le différer.
Si vous craignez de mettre votre compte bancaire dans le rouge, cette facilité de paiement vous évite d'avoir à verser en une seule fois le montant total de votre achat.
Avec ce système, un établissement financier vous avance l’argent, qu'il récupère ensuite par des prélèvements sur votre compte dans un délai maximum de 3 mois.
Ce règlement en plusieurs fois par carte bancaire est une sorte de crédit à la consommation simplifié. La souscription est très simple et la réponse est quasi immédiate.
Cette solution peut vous sembler bien pratique, mais vous devez savoir qu'elle n'est pas sans risques et qu'il faut donc y recourir avec précaution.
3- Qui sont les acteurs de ce secteur ?
La simplicité du paiement en 3 ou 4 fois sans frais explique le succès grandissant de cette pratique et la multiplication des entreprises dans ce secteur.
Face au succès fulgurant du paiement différé partout dans le monde, les organismes de crédit traditionnels ne sont plus les seuls à proposer cette facilité de paiement.
Désormais, ce marché attire des acteurs étrangers souvent venus du secteur technologique. Or, ces fintechs n'ont pas toutes un statut d'établissement régulé.
4- Quelles différences avec un crédit à la consommation ?
Le paiement fractionné ressemble à un crédit à la consommation, il en a certaines caractéristiques, mais ce n'en n'est pas un !
Quand le montant emprunté est inférieur à 200 € et que la durée de remboursement ne dépasse pas la limite de 90 jours, l’offre est considérée comme une facilité de paiement et pas comme un crédit à la consommation.
Grâce à ce tour de passe-passe, les prêteurs échappent aux obligations imposées par la loi de Lagarde de 2010 qui encadre les possibles dérives du crédit à la consommation classique.
Dans le cas d’un paiement fractionné, les prêteurs n'ont pas l'obligation d'informer les consommateurs ni de vérifier la solvabilité de l'emprunteur (cette formalité n'est que facultative).
5- Quels sont les risques ?
Face à cette facilité de paiement, de plus en plus utilisée en France comme dans d'autres pays, les associations de consommateurs ne cachent pas leur inquiétude.
En effet, le paiement fractionné peut se cumuler à d'autres formes de crédit à rembourser et entraîner dans la spirale de surendettement des personnes dont la situation financière est déjà fragile.
De plus, certaines enseignes proposent ces facilités de paiement à condition de souscrire une carte de fidélité qui propose aussi... des crédits renouvelables ! Une pratique qui incite encore davantage le consommateur à s'endetter.
En France, le surendettement concernait plus de 100.000 foyers en 2020.
D’ailleurs, le boom actuel des paiements fractionnés inquiète jusqu'à Bruxelles. C'est pourquoi la Commission européenne a décidé de réviser la directive de 2008 encadrant le crédit à la consommation en Europe.
Si ce processus de révision aboutit, les paiements fractionnés pourraient bientôt être considérés comme des crédits classiques, avec toutes les obligations légales que cela implique.