Achats en ligne : pourquoi il faut arrêter de diaboliser Amazon

Le mardi 17 novembre 2020, à l’approche du Black Friday, plusieurs appels à boycotter Amazon pour les achats de Noël ont été lancés. Cette tribune signée par des politiques, des personnalités et des associations se donne pour objectif de soutenir les petits commerces et l’emploi en France. Mais ne se trompe-t-on pas de cible et de débat ? Voici 3 bonnes raisons d’arrêter de diaboliser Amazon.


1- Amazon n’est qu’un bouc émissaire

Depuis que le second confinement a commencé, fin octobre 2020, Amazon est sous le feu des critiques. Le géant américain du e-commerce est accusé de nuire aux petits commerces et plus généralement à l’emploi en France.

Depuis plusieurs semaines, les géants du e-commerce tels que Amazon ou Alibaba sont accusés de profiter de la fermeture des petits commerces. Cette accusation se fait bien sûr de plus en plus véhémente à mesure que le confinement se prolonge et que les commerces physiques attendent de pouvoir rouvrir.

Sans surprise, la pression est encore montée d’un cran à l’approche du Black Friday : comme cette période de promotions marque depuis quelques années le coup d’envoi des achats de Noël, une pétition a été lancée et des politiques, des personnalités et des associations ont appelé les Français à boycotter Amazon pour les fêtes de fin d’année.

Dans le contexte très tendu de la crise sanitaire et du confinement, et sans nier les défauts de son modèle, le géant américain du e-commerce fait figure de "coupable idéal" ou de bouc émissaire.

Il est en effet difficile de croire que le groupe de Jeff Bezos serait à lui seul responsable de tous les maux du petit commerce français… Il faut d’ailleurs souligner que Amazon ne représente que 20% du e-commerce français. En d’autres termes, les sites français comme Mirakl, ManoMano, Cdiscount représentent 80% des ventes en ligne dans l'Hexagone.

2- Il faut nuancer ces arguments

Désigné comme grand gagnant de la crise sanitaire, Amazon est depuis plusieurs semaines la cible d'attaques nourries et répétées en France. L’un des principaux arguments anti-Amazon avance que la plateforme de e-commerce détruirait des emplois, en tuant les commerces de proximité.

Une critique à laquelle Frédéric Duval, directeur général d’Amazon France, a répondu dans les colonnes du Parisien en déclarant "Nous employons 9.300 personnes en CDI et, d’après des études indépendantes, environ 130.000 emplois découlent de notre activité."

Parallèlement, le député LREM de Paris Mounir Mahjoubi (ancien secrétaire d’État en charge du Numérique) s’est penché sur la question et a expliqué : "Bien sûr qu’Amazon emploie des gens, mais plusieurs études montrent que pour un emploi créé, entre deux et quatre emplois sont détruits.".

En moyenne, pour un emploi créé par Amazon, 2,2 sont supprimés ailleurs, selon le rapport publié par Mounir Mahjoubi.

En contrepartie, il faut toutefois souligner que la production française profite aussi de l’activité du géant américain. Plus que les emplois directement créés par Amazon, ce sont les 130.000 emplois qui en dépendent qui plaident pour le maintien de la plateforme.

De plus, le géant du e-commerce vend aussi des produits français et aide de très nombreux producteurs français, qui se retrouveraient démunis sans cette solution de vente en ligne, surtout en période de confinement.

À ce jour, près de 11.000 entreprises françaises de toutes tailles vendent leurs produits sur Amazon.

3- Il ne faut pas se tromper de débat

Sous la pression de l’opinion publique et suivant les recommandations du gouvernement, Amazon France comme d’autres grands distributeurs a accepté de reporter son Black Friday au 4 décembre 2020.

Plus que cette décision, c’est la réalité du commerce aujourd’hui qui doit inciter les Français à arrêter de diaboliser Amazon. Aujourd’hui, on ne peut plus se priver de l’e-commerce. Mais le problème n’est pas là.

Si grand soit-il, Amazon ne représente que 1% du commerce de détail en France et en temps normal, son offre est complémentaire des commerces physiques. Seul le fait qu’il ne paie pas ou très peu d’impôts en France crée une concurrence déloyale envers les petits commerçants.

Mais surtout, en temps normal, les Français favorisent le commerce physique sans qu’on ait à les y inciter. Ainsi, le 5 février 2020, la Fédération e-commerce et vente à distance a publié un bilan 2019 faisant la part belle aux commerces physiques : en 2019, 90% du commerce de détail s’était fait en magasins contre seulement 10% sur Internet.

En conclusion, il ne faut pas se tromper de débat. À l’heure actuelle, le vrai problème est le confinement et la crise économique et la vraie question est de savoir comment et quand on rouvre les petits commerces.

Une fois qu’ils seront rouverts, les Français s’y rendront d’eux-mêmes et leurs achats seront déterminants pour la survie des petits commerces et le maintien de ces emplois.

Quant à la question de la fiscalité des GAFAM (les géants du web) ou la nécessité de construire un concurrent européen à Amazon, elles paraissent pour l’instant secondaires, au vu de l’urgence économique à laquelle la France doit répondre.

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