Une fois n'est pas coutume, les nouvelles sont bonnes dans le paysage économique français : la Banque de France et l'Insee ont en effet publié en juin dernier des prévisions de croissance plutôt optimistes pour 2017. Si l'on en croit la dernière note de conjoncture de l'INSEE, l'économie française devrait renouer avec une "croissance solide" et la progression du PIB devrait être de 1,6% sur l'année, contre seulement 1,1% en 2016.
Des prévisions encourageantes
Le 9 juin dernier, la Banque de France a relevé ses prévisions de croissance pour l'économie française.
La vénérable institution (qui prévoyait jusqu'alors 1,3% de croissance pour cette année, 1,4% pour 2018 et 1,5% pour 2019) table désormais sur une hausse du PIB de 1,4% en 2017, une projection conforme à celle de la Commission européenne.
Elle prévoit aussi que le taux de croissance devrait bénéficier d'une légère accélération à 1,6% en 2018 et en 2019.
De son côté, l'Insee estime que la croissance en France est désormais "solide" et pronostique une progression de 1,6% du PIB en 2017.
L'institut de statistiques se montre ainsi plus optimiste que le précédent gouvernement (qui prévoyait 1,5% de croissance en 2017), la Banque de France, le FMI et la Commission européenne (qui tablent sur 1,4% de croissance).
Ce regain d'optimisme s'explique principalement par l'embellie de l'environnement international, qui devrait stimuler la demande extérieure et favoriser un rebond des exportations françaises.
Une embellie à l'échelle mondiale
Au-delà de nos frontières, on constate en effet une amélioration générale.
Malgré la remontée des prix du pétrole depuis mi-2016, un vent d'optimisme souffle aux Etats-Unis comme dans les pays émergents.
En dehors du Royaume-Uni, qui commence à pâtir des conséquences du Brexit, la croissance s'accélère depuis le début de l'année dans toutes les grandes zones économiques :
=> + 1,8 % dans la zone euro
=> + 2,1 % aux Etats-Unis
=> + 6,8% en Chine.
Le commerce mondial devrait donc redémarrer et enregistrer sa plus forte progression depuis 2011.
Ce contexte mondial plus favorable va bien sûr profiter à la France, en améliorant les débouchés potentiels des entreprises françaises à l'étranger.
Plusieurs signaux sont au vert
Dans l'Hexagone aussi, le contexte est des plus favorables :
=> Les entreprises investissent
L'Insee prévoit une hausse de 2,9% de l'investissement des entreprises en 2017. Le taux d'investissement atteindrait ainsi son plus haut niveau depuis 2008.
Un cercle vertueux se met en place car les entreprises ont retrouvé des marges, les conditions de financement restent favorables et les perspectives de demande sont au beau fixe,.
En conséquence, le moral des industriels est au plus haut depuis 2011.
=> L'emploi redémarre
Cette amélioration se reflète aussi sur le marché du travail. En 2017, malgré la fin de la prime à l'embauche pour les PME, 222.000 emplois devraient être créés selon l'Insee, dont 203.000 emplois marchands.C'est presque autant que l'année dernière (avec 255.000 créations d'emploi en 2016).
Le taux de chômage devrait donc poursuivre sa décrue entamée fin 2015. Selon l'Insee, il devrait s'établir à 9,4% de la population active fin 2017, un chiffre inférieur de 0,6 point à son niveau fin 2016.
=> La construction est repartie
Après deux mauvaises années, l’activité dans la construction s'est stabilisée en 2016. En 2017, elle devrait progresser de 1,8%, grâce à la hausse des mises en chantier.
La construction devrait même être un peu plus soutenue que la production industrielle.
Avec la reprise du marché du travail, les ménages sont plus enclins à investir de nouveau. Leurs investissements devraient donc croître de 3,6% cette année, du jamais vu depuis 2006 !
=> Les freins à la croissance sont levés
Toujours selon l'Insee, "des chocs spécifiques qui ont amputé la croissance en 2016 ne pèseraient plus en 2017".
L'institut estime que les récoltes céréalières devraient rebondir, après une année 2016 marquée par des inondations et un dur épisode de sécheresse.
Il table aussi sur le retour des touristes étrangers, qui avaient déserté la France après la vague d'attentats.
Un optimisme à nuancer
Il y a néanmoins quelques zones d'ombre dans le paysage économique français.
Le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, a mis en garde contre toute euphorie.
Même si notre pays n'a pas connu de croissance aussi forte sur les cinq dernières années, l'économie hexagonale reste à la traîne de la zone euro (où la Banque centrale européenne anticipe une croissance moyenne de 1,9% en 2017).
De plus, le commerce extérieur reste notre point faible. Malgré la reprise de la demande mondiale que nous évoquions plus haut, l'Insee estime que les exportateurs français vont perdre encore des parts de marché sur l'ensemble de l'année.
Et comme, dans le même temps, le dynamisme de l'investissement va stimuler les importations de machines et de biens d'équipement, notre balance commerciale des biens industriels devrait retrouver son pire niveau de 2011... De quoi amputer de 0,3 point la croissance française (contre 0,8 point l'an dernier).