Première femme à avoir reçu le Prix Nobel d'économie, Elinor Ostrom est connue pour sa théorie de la gouvernance des biens communs (common-pool ressources). Cette économiste et politologue américaine a enseigné pendant toute sa carrière à l'université de l'Indiana.
Biographie
Elinor Ostrom (1933 – 2012) est une économiste et politologue américaine, lauréate du Prix Nobel d'économie 2009.
Elle est née le 7 août 1933 à Los Angeles et a étudié les sciences politiques à l’université de Californie Los Angeles (UCLA). En 1965, elle soutient sa thèse en sciences politiques à l'UCLA avec un mémoire sur la gestion des ressources partagées d'eau souterraine : "Public Entrepreneurship: A Case Study in Ground Water Management".
En 1965, elle devient professeur assistant à l'Université de l'Indiana, où elle fera toute sa carrière. En 1973, elle fonde avec son mari, Vincent Ostrom, le Workshop in Political Theory and Policy Analysis, un think tank regroupant des économistes et des responsables politiques.
Nommée professeur de sciences politiques en 1974, elle s’intéresse à la théorie du choix public, et plus particulièrement à la gestion des biens communs (ou common-pool ressources en anglais) tels que les pâturages, les zones de Pêche ou les nappes phréatiques des systèmes d'irrigation.
Maintes fois récompensée pour ses travaux, Elinor Ostrom a été élue à l'Académie Nationale des Sciences en 2001. En 2009, elle est devenue la première femme lauréate du Prix Nobel d'économie. Elle a été distinguée conjointement avec l'économiste américain Oliver Williamson "pour avoir démontré comment les biens communs peuvent être efficacement gérés par des associations d'usagers".
Théories
Les travaux d’Elinor Ostrom s'inscrivent dans le cadre de la nouvelle économie institutionnelle. Elle a remis en cause l'idée classique selon laquelle la gestion des biens communs doit être prise en main par les autorités publiques ou le marché.
Elle a en effet démontré que des associations d'usagers peuvent être plus efficaces que le marché ou l’intervention étatique pour gérer et préserver des biens communs comme les ressources naturelles (pâturages, zones de Pêche ou nappes phréatiques).
Prenant le contre-pied des travaux de Garrett Hardin, elle a remis en question "la tragédie des biens communs", c'est-à-dire la théorie selon laquelle des individus qui se partagent un bien en commun ont tendance à le surexploiter.
En s’appuyant sur des enquêtes empiriques en Afrique et en Asie, Elinor Ostrom a démontré que la surexploitation peut être évitée à condition que les utilisateurs s'organisent eux-mêmes pour gérer ces biens. Elle a proposé une troisième voie, entre privatisation et gestion étatique, ce qui représente une avancée considérable en matière de politique environnementale.
Ouvrages
Le principal livre d'Elinor Ostrom en français est La gouvernance des biens communs : Pour une nouvelle approche des ressources naturelles (Ed. De Boeck, 2010).
Ses autres ouvrages (en anglais) sont :
• Governing the Commons : The Evolution of Institutions for Collective Action, Cambridge University Press, 1990
• Understanding Institutional Diversity, Princeton University Press, 2005
Elle a également publiés de nombreux articles, notamment :
• Hess, Charlotte et Ostrom, Elinor, "Understanding Knowledge as a Commons : From Theory to Practice", The MIT Press, Cambridge, Massachusetts (2007)
• Dietz T., E. Ostrom et P.C. Stern (2003), "The Struggle to Govern the Commons", Science 302, 1907–1912
• "Collective Action and the Evolution of Social Norms", Journal of Economic Perspectives 14, Summer, 137–158 (2000)
• "Coping with the Tragedies of the Commons", Annual Review of Political Science 2, 493–535 (1999)
• Ostrom E. et al. (1999), "Revisiting the Commons: Local Lessons", Global Challenges, Science 284, 278–282
• "A Behavioral Approach to the Rational Choice Theory of Collective Action", Presidential Address, American Political Science Association, 1997, American Political Science Review 92, 1–22 (1998)