Le Prix Nobel d'économie 2015 a été attribué le lundi 12 octobre à l'Anglo-américain Angus Deaton, professeur à l'université de Princeton. Cette distinction est le couronnement d'une vision optimiste de l'économie et de l'évolution du monde. Nous vous proposons une courte présentation de la carrière et des travaux du successeur de Jean Tirole.
Biographie d'Angus Deaton
Angus Deaton est né le 19 octobre 1945 à Édimbourg, en Écosse.
Il a notamment étudié à Cambridge d'où il est sorti diplômé en 1971 dans la spécialité Mathématiques et Économie. Il a alors entamé un doctorat qu'il a décroché en 1974.
Aujourd'hui professeur à l'université de Princeton aux Etats-Unis, il a enseigné dans les meilleures universités. Il a commencé sa carrière d'enseignant à l'université de Bristol en 1976, avant de rejoindre trois ans plus tard, la prestigieuse université de Princeton à laquelle il est resté fidèle tout en retournant parfois enseigner à Cambridge.
Avant d'obtenir le Prix Nobel d'économie 2015, ce chercheur avait déjà été remarqué par ses pairs et avait reçu de nombreuses distinctions : il est professeur émérite à l'université d’Edimbourg, de Chypre, de Rome, à la University of St. Andrews ou encore à l'University College de Londres.
Il a été président de la très illustre Association américaine d'économie (American Economic Association) et membre de l'Académie nationale des Sciences et de la Société américaine de philosophie. En 2012, il a reçu le prix BBVA Foundation Frontiers of Knowledge Awards, qui avait récompensé en 2008 un certain... Jean Tirole !
Des travaux sur la consommation, la pauvreté et le bien-être
Le jury du Prix Nobel d'économie a expliqué vouloir récompenser un homme qui "plus que quiconque a amélioré la compréhension des choix individuels de consommation. En reliant ces choix à de nombreux résultats globaux, sa recherche a contribué à transformer les domaines de la microéconomie, de la macroéconomie et du développement de l'économie."
Contrairement à beaucoup d'autres économistes, Angus Deaton se base sur des données concrètes et empiriques pour échaffauder ou confirmer ses théories économiques. Il a fondé son travail sur l'analyse des comportements des individus.
Le comité qui a primé ses travaux a justifié son choix en soulignant sa contribution à une meilleure compréhension des choix individuels : "Pour élaborer des politiques économiques qui promeuvent le bien-être et réduisent la pauvreté, nous devons d'abord comprendre les choix de consommation individuels. Plus que quiconque, Angus Deaton a amélioré cette compréhension".
Le nouveau lauréat du prix Nobel est notamment le père du paradoxe de Deaton, selon lequel la consommation ne varie que très lentement dans le cas de variations brusques des revenus.
Dans son livre The Great Escape paru en 2013, il a démontré que la vie n'a jamais été aussi douce qu'aujourd'hui, quel que soit l'indicateur retenu (espérance de vie, santé, bonheur ou niveau d'éducation). Même si les inégalités se creusent et que la pauvreté est loin d'être éradiquée, la situation globale s'améliore. La part de l'humanité vivant avec moins d'1$ par jour est passée de 42% en 1981 à 14% aujourd'hui.
Une réflexion sur l'argent et le bonheur
Ce chercheur s'est en particulier posé trois questions liées à notre vie quotidienne : comment les consommateurs répartissent-ils leurs dépenses ? Dans une société, combien d'argent est consommé et épargné ? Comment mesurer le bien-être individuel ?
Sur ce dernier point, Angus Deaton est connu pour avoir calculé le revenu optimal qui permet d'être heureux. Pour répondre à la fameuse question "L'argent fait-il le bonheur ?", il a publié en 2010 une étude avec le Prix Nobel d'économie 2002, Daniel Kahneman.
A partir des statistiques d'un organisme de sondage évaluant le bien-être de 450.000 Américains, les deux chercheurs sont parvenus à calculer le niveau de revenu auquel l'argent rend heureux ! Pour être satisfait, il faut gagner très précisément 75.000 dollars par an et par ménage, soit environ 5500 euros par mois. En-dessous de cette somme, les sondés ne sont pas satisfaits et au-dessus, leur moral patine...
Souhaitons au professeur Deaton de garder le moral car il va remporter avec son Prix Nobel bien plus que cette somme : huit millions de couronnes suédoises (soit 860.000 euros) !