Les petites pièces rouges de 1 et 2 centimes d'euro deviendront-elles bientôt des objets de collection ? Dans un rapport publié le 20 juillet 2018, les experts du comité d'action publique 2022 préconisent d'arrêter la production de ces petites pièces qui s'accumulent au fond de nos porte-monnaies.
D'autres pays l'ont fait avant nous
La Finlande, les Pays-Bas, la Belgique et l'Irlande sont autant de pays de la zone euro qui ont déjà abandonné les pièces de 1 et 2 centimes.
En France aussi, cette suppression est envisagée et discutée depuis plusieurs années.
La question est revenue sur le devant de la scène médiatique depuis la publication du rapport du comité d'action publique 2022 (Cap 2022) le 20 juillet 2018.
Pour rappel, ce groupe d'une trentaine d'experts a été chargé en octobre 2017 par le Premier ministre Edouard Philippe de transmettre des propositions de réformes afin de réduire les dépenses publiques.
Son rapport suggère de mettre fin à la circulation des pièces de 1 et 2 centimes, comme cela a été fait chez certains de nos voisins européens.
Environ 60 % des Français seraient d'ailleurs favorables à cette mesure, car ces pièces sont peu utilisées et peu pratiques... Elles alourdissent nos poches et nos porte-monnaies et finissent souvent stockées dans un pot.
Objectif zéro cash
Pour le comité d'action publique 2022, la fin des pièces de 1 et 2 centimes d'euro ne serait qu'un début.
En plus de la suppression de cette petite monnaie, le comité propose de "supprimer les espèces, les chèques et les timbres fiscaux pour les paiements fiscaux et sociaux d'ici deux ans".
Parallèlement, l'acceptation des paiements dématérialisés (carte bancaire, téléphone, virement) deviendrait obligatoire pour tous les achats, sans montant minimum.
Ce groupe d'experts recommande en effet d'aller vers le "zéro cash" afin de lutter plus efficacement contre la fraude fiscale mais aussi contre "l'argent sale" du terrorisme et du grand banditisme.
Trop chères à produire ?
En octobre 2015, lorsque l'Irlande a mis fin aux petites pièces cuivrées, elle a justifié sa décision par le coût de fabrication, supérieur à leur valeur faciale de ces piécettes.
En Irlande, 1 centime d'euro coûtait … 1,65 centime à produire !
En France, selon la Monnaie de Paris en charge de frapper ces pièces, le problème n'est pas là.
Le surcoût de fabrication de nos centimes serait bien inférieur à celui constaté en Irlande : 0,2 centime pour la pièce de 1 centime et 0,3 centime pour celle de 2 centimes.
Des pièces parfois bien utiles
Selon les statistiques de la Banque de France, les pièces de 1, 2 et 5 centimes sont les pièces de monnaie les plus régulièrement remises en circulation, car elles sont souvent perdues, stockées ou collectionnées par les particuliers.
Difficiles à récupérer dans les recoins du porte-monnaie et peu pratiques à manipuler, elles ne sont pas très appréciées par les consommateurs.
Et pourtant, ces pièces de 1 et 2 centimes qui encombrent nos porte-monnaies et nos vide-poches ont certains avantages.
Elles permettent tout d'abord de faire l'appoint lorsque les prix ne sont pas tout à fait ronds.
A ce propos, les analystes économiques redoutent que la suppression de ces petites pièces n'entraîne une modification des prix de certains produits... à la hausse !
Les commerçants arrondiraient assez logiquement leurs prix aux 5 ou 10 centimes supérieurs, ce qui ne manquerait pas d'engendrer une inflation mécanique.
Avec la disparition de ces centimes, on pourrait donc craindre une hausse des prix ainsi qu'un manque à gagner pour les associations caritatives.
Ces petites pièces permettent en effet de financer divers projets solidaires, dont le plus connu est sans doute L'opération pièces jaunes, organisée par la Fondation Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France.
Enfin, ces pièces que les consommateurs boudent font aussi la joie des enfants dont elles alimentent la tirelire et des collectionneurs ...
Les centimes finlandais (abandonnés en 2001) sont devenus des pièces de collection rares qui s'échangent à mille fois leur valeur faciale !