Trop d'impôt tue l'impôt : la courbe de Laffer

Un taux d'imposition trop élevé entraîne-t-il une baisse des recettes fiscales ? C'est en tout cas la théorie que représente la courbe de Laffer, du nom de l'économiste libéral américain Arthur Laffer. Voici quelques explications sur cette courbe dont on entend beaucoup parler.


Une idée ancienne

La courbe de Laffer est une courbe en forme de cloche représentant l’évolution des recettes fiscales en fonction du taux d'imposition global. Cette courbe permet de visualiser le paradoxe suivant : au-delà d'un certain taux, plus la pression fiscale augmente, plus les recettes fiscales diminuent.

Plusieurs formules bien connues résument cette théorie :
• "Trop d'impôt tue l'impôt"
• "Les hauts taux tuent les totaux"
• "Le taux mange l'assiette".

Cette idée n’est pas nouvelle mais remonte à la fin du XVIIIe siècle. Jean-Baptiste Say affirmait déjà qu'"un impôt exagéré détruit la base sur laquelle il porte". Ce mécanisme a également été évoqué par Adam Smith et David Ricardo.

Mais c’est l'économiste américain Arthur Laffer qui a popularisé cette théorie à la fin des années 1970 grâce à la courbe qui porte son nom.

Les raisons de ce paradoxe

Si l’on en croit Arthur Laffer et sa célèbre courbe, il existe un taux d'imposition à ne pas dépasser sous peine de décourager le travail et la formation de revenus et donc de voir les recettes fiscales diminuer.

Paradoxalement, augmenter les impôts peut diminuer les recettes fiscales et les diminuer peut permettre à l’Etat d’engranger plus de recettes.

Le paradoxe symbolisé par la courbe de Laffer peut s’expliquer par le double effet d’un changement des taux d'imposition : un effet arithmétique et un effet économique.

Quand les taux d'imposition augmentent, les recettes fiscales s’accroissent dans la même proportion (effet arithmétique). Mais l’augmentation du taux d'imposition a aussi un effet dissuasif sur l'offre de travail : les individus surtaxés sont incités à moins travailler, les ménages consomment moins et les investisseurs sont plus frileux. En conséquence, les recettes de l'Etat diminuent (effet économique).

Une courbe critiquée

Si la courbe de Laffer est très connue, elle est aussi très critiquée. En effet, il est difficile de vérifier cette théorie de manière empirique et de déterminer "le" niveau de taxation optimal.

On lui reproche souvent :
son caractère simpliste : l'économie n'est pas une science exacte et il n’est pas possible de représenter un phénomène aussi complexe par une simple courbe en cloche
son caractère peu opérationnel : sans analyses complémentaires, il est impossible de déterminer le point critique de la courbe où une hausse des taux entraîne une baisse des recettes fiscales ; donc, personne ne sait quelle est la forme exacte de la courbe
sa non-confirmation par les faits : les études économétriques ne permettent pas de valider la théorie d’Arthur Laffer.

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